Toute une histoire |PV Lyz, Amarrah

Je n’eux pour réponse qu’un silence lourd comme le plomb, comme si Lyzz’ ne m’avait pas attendu. Je la vis continuer à manger, toujours de façon aussi mécanique. Elle mâchait ses bouchées avec lenteur et avalait comme si ça lui avait été pénible. Ce qui était sans doute le cas. Et il me sembla qu’une éternité était passée lorsque je la vis repousser son assiette - vide - devant elle dans un soupir de satisfaction à peine dissimulé. Je ne me rendis compte qu’à cet instant que j’avais passé tout mon temps à la fixer, bêtement, alors qu’elle était en train de manger.

Putain, elle va me prendre pour une folle. Quoique c’est sûrement déjà fait.

Question d'habitude. Je suis une bonne élève. Donc ça va. Et toi, c'est nouveau pour toi non ? T'étais où avant ?

Je sursautai imperceptiblement à l’entente de sa voix. Je m’étais presque résignée à ne jamais obtenir de réponse.

Mais comme on dit mieux vaut tard que jamais.

Oh ben ça va, répondis-je en haussant les épaules. Les cours ne sont pas très difficiles, même si certains profs ne sont pas très aimables, mais dans l’ensemble ça va. Je pense que je m’en sors bien pour ma première année ici.

Je marquai une pause, laissai mes yeux dériver jusqu’à la fenêtre.

Et… continuai-je. Avant, j’étais en France. Mais pas dans une école comme celle-ci. En fait j’étais dans un lycée tout ce qu’il y a de plus… Comment vous dites déjà ? Ah oui, moldu, finis-je dans un sourire.

Aprés avoir passé un bout de temps à m'observer manger (ce qui est trés étrange je vous assure) Amarrah sursauta à l'entente de maréponse (c'est encore plus bizarre, je trouve). Mais j'ignorais ces réactions. Je n'avais aucun intérêt à l'embêter. Il y allait de ma paix prochaine. Je ne pouvais pas me permettre le moindre faut pas...:

Oh ben ça va. Les cours ne sont pas très difficiles, même si certains profs ne sont pas très aimables, mais dans l’ensemble ça va. Je pense que je m’en sors bien pour ma première année ici. Et…. Avant, j’étais en France. Mais pas dans une école comme celle-ci. En fait j’étais dans un lycée tout ce qu’il y a de plus… Comment vous dites déjà ? Ah oui, moldu

J'étais sûre et certaine qu'elle parlait de Séverus. Je ne comprenais pas sa mauvaise réputation. IL était sévère et ne mâchait pas ses mots, mais c'était un excellent potionniste. J'adorais ses cours. Il était excellent. Peut être légèrement partial, mais pas de quoi en faire tout un plat. Et je savais que c'étais un point de vue partagé par de nombreux serpentards, preuve que mes propos n'étais pas totalement infondé.
Les moldus. J'avais fuis leur monde. Je ne comprennais pas pourquoi elle s'y étais réfugié. Un mystère de plus l'entourant... Et j'étais pas trés intéressée par le faite de le découvrir, mais bon...:

-Et c'étais bien?

[ Ton discours sur Severus était très émouvant… -__-* ]

Et c’était bien ?

Je me sentis grimacer un peu. Je pris le temps de la réflexion avant de lui répondre ; non pas par esprit de vengeance ou quoique ce soit d’autre dans ce genre là, non j’avais besoin de trouver les mots justes. Si ça avait été bien la France ? Le lycée ? Sans doute que oui, sinon je n’y serais pas restée autant de temps, non ? Ou alors, j’étais plus masochiste que je ne le pensais.

Trop drôle.

Objectivement parlant, la France m’avait beaucoup apporté. J’y avais passé des moments fabuleux. Des moins joyeux aussi. Mais le bilan était très positif. Mais je m’étais de la seule famille qu’il me restait et aujourd’hui je n’aurais plus jamais l’occasion d’y remédier puisqu’elle était morte. Au départ j’avais pensé que c’était la meilleure des solutions, laisser s’épanouir ma sœur et partir. Loin. Loin de cette odeur de mort qui flottait autour de nous. En vérité j’avais fui. Fui ce qui restait d’une famille déchirée, éclatée, laissant ma sœur seule pour se débrouiller. Mais ça, je ne pouvais décemment pas le lui dire, pas vrai ? Je fixai Lyzz’ un instant avant de lui répondre :

Oui, c’était bien, fis-je d’une voix égale. Enfin, je m’y plaisais bien quoi.

Ouais, c’était si bien que t’as accouru en Angleterre à la première occasion venue. Bon, en même temps, tu venais de perdre ta jumelle, mais tout de même…

[oui hein! Snape powaaaaa!!!!]

Oui, c’était bien. Enfin, je m’y plaisais bien quoi.

Peut être que la France était différente de l'Agleterre. Et je me demandais, pourquoi être revenu en Angleterre sitôt Laïla décédé? Pour moi, la seule réponse logique et cohérente était le regret. Elle regrettais peut être d'avoir été séparée de Laïla. Et aujourd'hui, elle étais là pour comprendre sa soeur. Pour s'en rapprocher en quelque sorte. Je ne voyais que ça. Sinon, c'était qu'elle n'avait plus aucune attache en France, ou alors encore, elle avait uune obligation externe qui l'onligeait à revenir ici. La coïncidence me semblait un peu étrange. Un peu trop grosse. Je n'y croyais pas. Voyons, de quoi pouvions nous discuter maintenant? Il fallait que je trouve un sujet ou la discussion risquait à nouveau de dériver...:

-Est-ce que tu sais te battre?

Est-ce que tu sais te battre ?

Okay, en matière de passer de l’hypogriffe au hibou, Lyzz’ était définitivement la meilleure ! Je me concentrai pour ne pas paraître trop surprise par la soudaineté de sa question. Et surtout, elle tombait un peu comme un cheveu sur la soupe. On parlait de la France et voilà qu’elle me demandait si je savais me battre.

Elle débloque ou quoi ?

Heu… Ouais, enfin un peu. J’me défends on dira. Pourquoi un telle question ?

Je la fixai, les sourcils froncés.

T’as décidé de m’abattre et il te fallait un alibi ? Ou alors c’est juste histoire de bien m’amocher pour me faire payer je ne sais quoi ?

Je déglutis. Lyzz’ n’était tout de même pas comme ça… Si ?

Heu… Ouais, enfin un peu. J’me défends on dira. Pourquoi un telle question ?

"Pour savoir si tu ferais un adversaire potentiel"
Je pense qu'il était encore trop tôt pour sortir ce genre de blague. A la façon dont elle me regardais, j'avais l'impression de lui faire un peu peur. Je savourais sa peur pour être honnête, j'en tirais une immense fierté. Mais je ne devais pas la laisser se développer trop...Quoique...Le problème, c'étais que je ne voulais pas lui créer plus de soucis. Parce que malgré tout, elle restait la soeur de Laïla. Je me sentais le devoir de ne pas lui causer plus de problèmes qu'elle n'en avait déjà...:

-Juste comme ça pour savoir.

Pas que je me serais battu contre elle. Je ne voulais pas la fréquenter plus que le minimum l'éxigeait. Mais elle venait de perdre les derniers soupçons d'intérêt que je lui portais...
Mon regard dévia une nouvelle fois dehord. Je me programmais mentalement un nouvel entrainement demain. Une nouvelle excuse pour ne pas descendre manger...

Juste comme ça, pour savoir.

Ok. Tu parles d’une réponse toi !

En fait, j’avais plutôt l’impression que je l’embêtais plus qu’autre chose. Mais je le comprenais bien. Après tout, j’imposais un peu ma présence là, et même dans Poudlard en général. Et moi j’arrivais avec mes gros sabots, me plantais là, devant elle, la forçait à manger alors que si elle avait pu elle aurait dégueulé le tout et je me rendais bien compte que les sujets de conversations n’étaient pas des plus pertinents.

Merlin, c’est dur quand même.

Elle tourna la tête vers la fenêtre et se perdit à nouveau dans la contemplation du paysage. Me signifiait-elle par là que la discussion était terminée ? Ou bien que je l’ennuyais peut être ? Je grimaçai intérieurement. J’étais de plus en plus mal à l’aise vis-à-vis de Lyzz’ et il fallait dire qu’elle ne me facilitait pas la tâche. J’avais du mal à la suivre. Une fois aussi froide que la glace et l’instant d’après presque agréable. Pour redevenir aussi gelée la minute d’après. Une vrai grand huit. Et tout venait de retomber en un éclair. Je m’autorisai un pensée pour ma sœur. Comment se comportait-elle dans ces cas là ? J’aurais presque pu avoir un ricanement amer. elle n’était pas là pour me le dire, mais tout portait à croire que Lyzz’ était bien plus agréable lorsqu’elle avait encore ma sœur.

Tu ne dois pas lui en vouloir. Elle souffre, elle a mal. Elle va mal. C’est normal.

J’en étais parfaitement consciente. Et j’avais été assez naïve pour croire que je serais acceptée dans un monde qui n’était pas le mien. Comme si j’y avais toujours vécu. Seulement ce n’était pas le cas. Et c’était une sensation plus que désagréable.

Elle se taisait. Peut être allait-elle partir d'ici. Me foutre la paix. J'allais enfin pouvoir respirer plus librement. Me détendre, j'hésitais à lui rappeler l'heure d'une façon trés discrète genre: "Au fait? Il est quelle heure?" Mais ça serait lui parler. Et je n'en avais pas envie.
Je risquais un regard vers elle et la voyait gênée, voir...blessée, ou énervée. J'ignorais le tiraillement que j'avais au coeur. C'était une bonne chose. J'étais rebuttée à cette idée de lui faire de la peine, mais c'étais une technique plus drastique. Plus violente certe, mais plus claire. Plus sûre. Il me fallait me conduire comme ça. Au diable mes belles idées, ma patience. J'en avais assez de faire semblant. Dun ton froid, sans la regarder, je lui assenais:

-Il est tard. Retourne te coucher. ça vaut mieux pour toi.

Toujours silencieuse, je ramenai mes jambes contre moi et posai ma tête sur mes genoux en frissonnant. Il faisait de plus en plus froid là dedans. J’aurais bien invoqué un gilet ou un truc du genre, mais j’avais trop peur de bouger ne serait-ce que d’un cil. Avec Lyzz’ à côté qui semblait tendue comme un arc, j’osais à peine respirer.

Il est tard. Retourne te coucher, ça vaut mieux pour toi.

Je me tendis, tous les muscles contractés. Sa voix me faisait froid dans le dos quand elle prenait cette intonation aussi coupant qu’une lame. Un nouveau frisson remonta mon échine. Encore une fois je ne savais pas comment interpréter ces paroles, ni comment réagir. Était-ce une menace ? Juste un conseil ? Entre les deux peut être ? J’avais un peur de répondre quoique ce soit, juste au cas où j’aurais mal interpréter ce que Lyzz’ venait de dire. J’avais le choix : soit je l’envoyais péter, soit je restais cool et je lui annonçais dans un grand sourire que je n’étais pas fatiguée. Bien que la seconde option me préserverait d’une mort certaine - ou tout du moins d’un sort bien lancé - la première me tentait plus, ne serait-ce parce que je commençai à en avoir marre de lui servir de pushing-ball. J’étais gentille, mais là ma gentillesse commençait sérieusement à s’effriter sur les bords. Je me mordis la langue. Je ne devais pas penser dans ce sens là, ce n’était pas bien. Elle n’avait pas besoin que je l’enfonce plus. Elle allait assez mal comme ça. Au prix d’un gros effort, j’optai pour un compromis.

Je ne suis pas tellement fatiguée. Et puis, je suis bien là alors je ne vais pas te laisser toute seule, tentai-je dans un sourire que je sentis crispé sur mes lèvres sèches.

Sauf que c’était sûrement tout ce que Lyzz’ désirait. Se retrouver seule.

Je la vis se tendre et frissoner. Etait-ce de peur? De froid?
Je me concentrai sur mon corps.Je n'avais pas froid. pourtant en ammenant mon bras devant mes yeux, je vis mes poils hérissés. J'avais la chair de poule. De mieux en mieux...:

Je ne suis pas tellement fatiguée. Et puis, je suis bien là alors je ne vais pas te laisser toute seule

Est-ce qu'elle me prenait pour une idiote? Nan parce que je commençais à avoir un sérieux doute. En même temps, je ne pouvais pas l'obliger à partir. Tout comme moi, je pouvais partir. Seulement, où pourrais-je aller? Dans une autre salle de cours j'imagine. Je n'avais pas envie de bouger pour si peu. Et je ne voulais pas lui donner 'impression de fuir. Je ne fuis jamais.
J'hésitais un instant puis pointais ma baguette vers elle. D'un informulé, je créer une bulle de chaleur. Translucide, sans contour dur. Avec ça, elle aurait assez chaud. Elle me fera moins pitié [C'est le même sort que celui dans le parc avec Saki^^]. Je la provoquais à agir en faisant en sorte qu'elle se sente menacée. Je le faisait exprès. Je ne voulais qu'une bonne raison pour l'envoyer boulet...

Lyzz’ ne répondit rien, comme si ce que je venais de dire avait glissé sur elle sans qu’elle ne le sente. Elle faisait semblant de ne pas m’entendre pour me faire comprendre que je l’embêtais profondément ou bien c’était juste qu’elle ne trouvait rien à redire à ça ? Je ne savais plus vraiment quoi penser, comme depuis un bon moment.

J’ai pas l’impression de me répéter là, surtout…

Et je fus complètement déstabilisée quand je la vis lever sa baguette pour la pointer ensuite vers moi. Je dus faire un effort surhumain pour ne pas prendre mes jambes à mon cou et m’enfuir en hurlant. Je ne voulais pas qu’elle voie qu’elle me faisait peur au-delà de toute raison. Je ne devais pas faiblir, j’aurais donné satisfaction à Lyzz’ de cette manière. Quel ne fut pas mon soulagement lorsque je sentis une douce chaleur m’envelopper tout entière. Alors c’était ça, une bulle de chaleur ; une simple bulle de chaleur.

Tu croyais peut être qu’elle allait te lancer un impardonnable ?

Peut être pas un impardonnable, mais je n’aurais pas étonnée de me recevoir un truc bine violent dans la tronche. Je sentis avec plaisir la chaleur se diffuser peu à peu dans mes membres engourdis, les réchauffant lentement.

Merci, lui souris-je. Tu devrais faire pareil pour toi tu sais. De là où je suis, j’ai l’impression que tu as les lèvres toutes bleues…

Merci. Tu devrais faire pareil pour toi tu sais. De là où je suis, j’ai l’impression que tu as les lèvres toutes bleues…

J'haussais les épaules. Qu'est-ce que ça pouvais bien lui faire, que mes lèvres soient bleues ou rouges? Elles étaient de la couleur qu'elles voulaient être, moi, je m'en fichais aprés tout. Je n'avais pas froid. Je n'esquissais aucune geste ni aucune réponse. Ce n'était pas parce qu'elle me parlais que j'étais obligée de lui répondre. Peut être allait-elle comprendre et me foutre la paix?
C'était incroyable qu'a presque 3h du matin, on ne puisse pas avoir la paix. Cette fille grapillait mon temps, me forçais à réfléchir. Et tout ce que je voulais, c'était oublier...

Elle ne fit aucun geste, ne dit absolument rien. Lyzz’ haussa simplement les épaules dans un geste d’indifférence. Elle n’en avait rien à faire que son corps soit frigorifié. Elle se fichait de savoir que son corps, lui, avait froid. Quelque part je me sentais révoltée par tant de négligence et d’un autre côté je ne pouvais m’empêcher de me dire que c’était sa façon à elle d’endurer tout le reste. C’était peut être un peu masochiste, mais quelque part, c’était sans doute satisfaisant. Peut être qu’elle ne sentait même plus le froid. Ce qui me marquait le plus, c’était qu’elle avait l’air excédée par ma seule présence. Alors que je devais lui être totalement indifférente et pourtant elle réagissait d’une certaine manière. Mais je ne la comprenais toujours pas. Je n’arrivais pas à saisir sa façon de penser, ses réactions, le pourquoi de ses mots si tranchants ou bien teintés à la fois de mépris et d’indifférence. L’indifférence. Voilà quelque chose que Lyzz’ semblait affectionner tout particulièrement. C’était peut être sa manière à elle de se protéger ? Pourtant, je savais qu’il aurait mieux valu que je parte me coucher, que je la laisse tranquille mais je ne me résignais pas à la laisser dans cette grande salle de cours toute vide, sombre et froide. Si elle n’avait pas peur, moi je n’étais pas rassurée - et elle ne m’aidait pas tellement à me sentir en confiance non plus. Et puis, elle semblait tellement mal en point que j’avais trop peur qu’elle ne fasse quelque chose de regrettable. Je savais bien que ma présence lui pesait, qu’elle en avait certainement marre de moi et de mon caquetage inutile, et d’un côté je m’en voulais de m’imposer ainsi comme un fardeau, mais je n’arrivais pas à partir. Comme si quelque chose me retenait, alors que ce n’était pas vraiment le cas. Pas du tout même. Et ce n’était certainement pas Lyzz’ qui allait me retenir par la manche, les yeux plein de larmes, me suppliant de rester encore un peu. Emmitouflée dans mon cocon de chaleur, j’osai un regard vers elle. Elle ne voulait vraiment pas parler, rien dire ?

Tu es sûre de ne pas vouloir refaire ton sort de chaleur sur toi ? risquai-je une nouvelle fois. Tu vas tomber malade avec la température qu’il fait ici.

Je ne savais pas vraiment ce que j’espérais en la harcelant ainsi, sans doute pas grand-chose ou même plus rien. Mais je m’échinais, encore et encore. Sait-on jamais, un miracle peut arriver…

Ou peut être pas, me fis-je en regardant Lyzz’ du coin de l’œil.

Tu es sûre de ne pas vouloir refaire ton sort de chaleur sur toi ? Tu vas tomber malade avec la température qu’il fait ici.

Un rictus étira mes lèvres et je fichais mon regard dans le sien. La provoquer. Si elle était un peu la soeur de Laïla, elle réagirais sûrement...:

-Qui te dis que je ne l'ai pas déjà fait?

Je poussais le bouchon. Je le savais. Mais j'avais du malà contenir ma fureur. Elle m'énervait à faire semblant de s'intéresser à moi. Demain elle m'aura déjà oublié. Comme moi je l'aurais oublié. J'avais envie de me battre. J'avais envie de tellement de choses que je ne pouvais pas réaliser. Je devais apprendre à ne plus envier. A ne plus rêver. Oui, je devais arrêter de vouloir...

J’obtins une réaction. Pas plus rassurante que les autres, mais c’était une réaction tout de même. Et j’apprenais petit à petit qu’il ne fallait pas demander plus que ce que Lyzz’ vous donnait. Elle m’adressa un superbe rictus tout ce qu’il y a de plus ironique et mauvais alors que son regard aussi dur que la pierre se vrillait au mien.

Qui te dit que je ne l’ai pas déjà fait ?

J’eus un temps d’arrêt. Elle me prenait pour une idiote. Elle se fichait de moi. Elle se foutait de ma gueule. Elle me prenait pour une conne. Réellement. Et alors que je me rendais compte de cette nouvelle donnée dans l’équation, je me dis que je n’aimais pas ça. Pas du tout. Je fronçai les sourcils, mécontente.

Tu ne l’as pas fait du tout, grognai-je peu amène. Tu l’as peut être pas remarqué mais tes avant bras sont piqué de points tellement tu as la chair de poule et tes lèvres ont tout sauf une couleur normale. Ah et, continuai-je sur le même ton, tu ne l’a sans doute pas remarqué non plu mais tu trembles, et ça fait vibrer la table. Alors arrête de me prendre pour une idiote, ça va cinq minutes le foutage de gueule.

Ma voix tremblait presque sous la colère. Je n’avais pas tellement envie de m’énerver après Lyzz’ mais je trouvais qu’elle devenait sérieusement stupide et méchante gratuitement. Et je n’appréciais vraiment pas ce que je voyais d’elle. Il fallait qu’elle régisse, elle était sur la mauvaise pente. La très mauvaise pente.

Tu ne l’as pas fait du tout. Tu l’as peut être pas remarqué mais tes avant bras sont piqué de points tellement tu as la chair de poule et tes lèvres ont tout sauf une couleur normale. Ah et, tu ne l’a sans doute pas remarqué non plu mais tu trembles, et ça fait vibrer la table. Alors arrête de me prendre pour une idiote, ça va cinq minutes le foutage de gueule.

-Pourquoi es-tu ici? Rusard est partis il y a longtemps, pourquoi tu restes ici? T'ai-je demandé de t'occuper de mes affaires? Qui te dit que je ne tremble pas de colère mal contenue? Tu empoissonnes mon espace, alors ne viens pas te plaindre aprés. Assume ton comportement. Au faite, moi aussi, je te surveille...

Je laissais ma phrase en suspends, un sourire mauvais sur les lèvres, je voulais bien évidemment de la part de gâteau qu'elle n'avait pas finie. Elle se ramène, la bouche en coeur avec ses belles paroles, mais il n'empêchait qu'elle ne les appliquait pas elle même.
Bien sûr, durant ma répique, je n'avais pas élevé la voix. Je m'étais d'un ton froid, comme mon regard, comme ma peau. J'espèrais que ça suffise pour la chasser d'ici...

Pourquoi es-tu ici ? Rusard est parti il y a longtemps, pourquoi tu restes ici ? T'ai-je demandé de t'occuper de mes affaires ? Qui te dit que je ne tremble pas de colère mal contenue ? Tu empoisonnes mon espace, alors ne viens pas te plaindre après. Assume ton comportement. Au faite, moi aussi, je te surveille…

C’était bien la plus longue phrase qu’elle ait dite jusqu’à présent. Je sentais encore le ton froid et tranchant comme un couperet glisser sur ma peau, me filant la chair de poule malgré la chaleur ambiante. Comment arrivait-elle à paraître si menaçante alors que sa voix n’était qu’un murmure à peine audible ? Elle s’entrainait ou quoi ? Je soupirai.

Je sais bien que j’empoisonne ton espace, et tu sais quoi ? J’en ai rien à faire. Tu veux jouer les grosses méchantes, vas y. Te gêne pas. Tu veux que je te dise que tu me fais peur ? Très bien, tu me fais peur, vraiment. Tu me terrifies et je sais que c’est jouissif pour toi. Mais je m’en balance. Je voulais être sympa c’est tout, alors maintenant t’en fais ce que tu veux. Tu peux la prendre, la jeter par terre et la piétiner, j’en ai rien à secouer. Parce que, si je suis vraiment honnête avec moi-même, je sais que si je fais tout ça c’est certainement pas pour toi. Si je le fais, c’est uniquement pour Laïla.

Je m’arrêtai pour prendre ma petite assiette sur laquelle je l’avais vue loucher. Je la lui balançai devant elle, manquant de faire tomber le reste de gâteau.

Et tiens, puisque tu le veux tellement. Mange le reste si tu le peux encore. À moins que tu ne dégueules tout avant la première bouchée.

J’étais un peu essoufflée, mais surtout en colère. Seulement, maintenant j’avais un peu peur de m’en prendre une par la tronche.

Je sais bien que j’empoisonne ton espace, et tu sais quoi ? J’en ai rien à faire. Tu veux jouer les grosses méchantes, vas y. Te gêne pas. Tu veux que je te dise que tu me fais peur ? Très bien, tu me fais peur, vraiment. Tu me terrifies et je sais que c’est jouissif pour toi. Mais je m’en balance. Je voulais être sympa c’est tout, alors maintenant t’en fais ce que tu veux. Tu peux la prendre, la jeter par terre et la piétiner, j’en ai rien à secouer. Parce que, si je suis vraiment honnête avec moi-même, je sais que si je fais tout ça c’est certainement pas pour toi. Si je le fais, c’est uniquement pour Laïla.

Beau discours. Y'as pas à dire. Piquant et méchant. ça aurait pus me faire mal, si j'y portais une quelconque importance. Même ce n'étais pas le cas. Je me foutais de ce qu'lle disait, pensait, faisait. Et son aveux me conforta dansmon idée. Elle ne faisait ça que pour elle. Pour son propre bien être. Sa BA de la journée:

-Laïla ne t'as rien demandé. Moi non plus d'ailleurs. Alors lâche moi les basques veux-tu? Je n'ai aucune envie d'être la chose qui te donnera bonne conscience.

Elle attrapa l'assiète à côté d'elle et me la balança. Manquant de reverser et le gâteau et la crème anglaise par terre. Je la rattrapais adroitement et la posais à côté de moi:

Et tiens, puisque tu le veux tellement. Mange le reste si tu le peux encore. À moins que tu ne dégueules tout avant la première bouchée.

-Et c'est moi qui suis sensée avoir des problèmes de nutrition... Au moins quand je commande quelque chose, je le fini, je ne gache pas...

Le contraste était saisissant. Chez elle, la colère l'essouflait, commençait à colorer ses joues d'un rouge clair, faisait trembler ses membres et augmenter levolume de sa voix. Moi je restais calme. Stoïque. Prête à réagir quand il le fallait. Ma voix restait clair et posée. Mais plus froide et tranchante que je le pouvais.

Laïla ne t'a rien demandé. Moi non plus d'ailleurs. Alors lâche moi les basques veux-tu ? Je n'ai aucune envie d'être la chose qui te donnera bonne conscience. Et c'est moi qui suis censée avoir des problèmes de nutrition... Au moins quand je commande quelque chose, je le finis, je ne gâche pas…

Je restai bloquée durant deux secondes, incapable de réagir. J’étais tellement soufflée par tout ça que je n’arrivais même pas à trouver les mots adéquats pour rétorquer. Je me renfonçai dans mon siège en souriant. Je renversai lentement ma tête en arrière, me pinçai l’arrête du nez entre le pouce et l’index. J’étais tellement en colère que j’en tremblais. Tellement que j’en avais des larmes qui me brûlaient les yeux. Cette fille ne comprenait rien à rien ; ou plutôt elle ne comprenait que ce qu’elle voulait bien comprendre. Et en l’occurrence, elle voulait absolument que tout ma démarche ne soit que purement intéressée. Elle y tenait dur comme fer, elle y croyait. Peut être que dans sa tête ça tournait de cette manière, qui sait ? Mais pas dans la mienne. Laïla aurait beaucoup souffert de la voir dans cet état, et je le savais bien. Voilà pourquoi je voulais l’aider, au moins un peu. Mais Lyzz’, elle, mettait ça sur le compte de ma mauvaise conscience. Peut être parce que ça l’arrangeait bien. Peut être parce que c’était plus facile. Plus facile de croire que je n’étais qu’une sale arriviste qui se fichait d’elle comme de sa première tétine au lieu de voir que j’étais assez altruiste pour m’intéresser à la loque humaine qu’elle était devenue. Parce que ça l’empêchait de revenir à la surface, de reprendre les commandes du navire, de se remettre sur les rails. C’était tellement plus facile et rapide de se laisser porte par le courant. En fait, Lyzz’ était à plaindre dans le fond. C’était tout ce que je remarquais. Je me redressai lentement, presque nauséeuse. J’avais sérieusement besoin de sommeil. Mais tant pis, je n’allais pas déclarer forfait aussi facilement. Je n’en avais pas le droit. Ma sœur m’aurait demandé de tout faire pour que Lyzz’ s’en sorte, elle m’aurait demandé de l’aider. Et tant pis si, pour elle, les morts ne demandaient rien, ne ressentaient rien, ne disaient rien. Il fallait que je le fasse. Je croisai les bras sur ma poitrine et commençai à fixer Lyzz’ cependant que je me balançai sur ma chaise. Je ne voulais certainement plus m’user les voix pour des conneries et me justifier, c’était trop la satisfaire que de réagir ainsi. Non, si elle voulait se battre ce serait à ma manière. Phase : Observation. Elle restait froide et stoïque. Inébranlable. Bien, j’allais faire de même ; j’avais devant moi le plus excellents des professeurs, j’en étais persuadée. Et elle ressemblait toujours autant à un cadavre ambulant.

Merlin elle est vraiment dans un sale état.

Effarée, je vis Lyzz’ prendre sa baguette et, le plus naturellement du monde, remettre en place un sort sur elle-même. Aussitôt, ses traits reprirent une fraîcheur et un éclat tout ce qu’il y avait d’humain. J’ouvris de grands yeux, ahurie. Alors c’était comme ça qu’elle cachait la misère durant la journée. C’était comme ça qu’elle passait inaperçue au milieu de la foule, pour ne pas attirer l’attention de ceux qui l’observent en douce. C’était comme ça qu’elle mentait à tout ceux qui l’aimaient. Par un simple sort.

Un putain de simple sort.

Je fronçai les sourcils de mécontentement. Elle avait vraiment pété un câble cette fille.

Non, mais ça va pas ? murmurai-je la voix frémissante de colère. Tu ne trouves pas que tu es assez épuisée comme ça ? Tu tiens à quoi ? À tomber par terre, évanouie ? Très peu pour moi. Alors arrête tes conneries et enlève ce sort qui, de toute façon, ne sert à rien. Rien à part bouffer ton énergie inutilement. J’ai déjà vu ce que tu caches de ce côté-là, alors je pense pas que ce soit la meilleure idée que t’aies eue jusque là.

Je réfléchis à vitesse grand V pour ne pas lui laisser le temps de répondre ; je n’avais pas tellement envie de m’en prendre encore plein par la gueule. Je n’étais pas sûre de tenir; de rester sagement à ma place sans lui en coller une.

Ça ne lui ferait certainement rien, en plus… Et elle doit sûrement être bien plus forte que toi.

Je me sentis grimacer un peu. J’en était bien consciente, je n’avais aucune chance face à elle. Je n’étais pas assez douée pour ça, ni en magie ni en combat à mains nues.

Je te propose un deal, à toi de voir si tu acceptes : je tourne ma chaise de façon à ce que je ne puisse pas te voir, et toi tu enlèves le sort. Je refuse que tu te fatigues inutilement, surtout pour ça. Surtout pour moi. Parce que ça n’en vaut vraiment pas la peine.

Je soufflai un coup.

S’il te plaît.

Ouais, si tu crois que c’est avec un « s’il te plaît » larmoyant que tu vas la faire craquer, tu te fourres le doigt dans l’œil et jusqu’au coude si tu veux mon avis.

Non, mais ça va pas ? Tu ne trouves pas que tu es assez épuisée comme ça ? Tu tiens à quoi ? À tomber par terre, évanouie ? Très peu pour moi. Alors arrête tes conneries et enlève ce sort qui, de toute façon, ne sert à rien. Rien à part bouffer ton énergie inutilement. J’ai déjà vu ce que tu caches de ce côté-là, alors je pense pas que ce soit la meilleure idée que t’aies eue jusque là. Je te propose un deal, à toi de voir si tu acceptes : je tourne ma chaise de façon à ce que je ne puisse pas te voir, et toi tu enlèves le sort. Je refuse que tu te fatigues inutilement, surtout pour ça. Surtout pour moi. Parce que ça n’en vaut vraiment pas la peine. S’il te plaît.

Eh bien, la pause avait été de courte durée... Elle n'avait pas la carrure pour jouer au silence avec moi. Trop piplette, comme le montrai son monologue. Je dégnais tourner vers elle. Si mon poing n'avait pas encore attérit dans sa jolie petite gueule bien maquillée, c'était uniquement, parce que je ne pouvais pas faire ça à Laïla. Encore aujourd'hui, elle comptait beaucoup trop pour moi. Je plantais une nouvelle fois mon regard dans le sien et lui répondit en souriant froidement:

-Il me semble t'avoir déjà dis de t'occuper de tes affaires. Tu me regardais, je voulais juste te rendre la vue plus agréable... Alors ne soit pas si fâchée et admire. Non? Tu ne veux pas? Alors que se soit claire, je me fiche de l'apparence sous laquelle je me montre à toi. En revanche, je tiens à ma paix. Alors si tu veux, soit, je laisse tomber le sort, mais s'il te plait, ferme là.

Un négligent coup de baguette, un petit claquement dans l'air et la dissimulation prit fin. Une nouvelle fois.

[sutout, ne lui obéi paaaaaas!!!^^]

Il me semble t'avoir déjà dit de t'occuper de tes affaires. Tu me regardais, je voulais juste te rendre la vue plus agréable... Alors ne sois pas si fâchée et admire. Non ? Tu ne veux pas ? Alors que ce soit clair, je me fiche de l'apparence sous laquelle je me montre à toi. En revanche, je tiens à ma paix. Alors si tu veux, soit, je laisse tomber le sort, mais s'il te plait, ferme là.

Ni une ni deux, je me dressai sur mes pieds, tremblant de colère et assénai une gifle à Lyzz’ en y mettant toute ma force. Je ne savais pas tellement si ça allait lui faire un quelconque mal mais tant pis. La coupe était pleine, j’en avais assez.

Puisses-tu me pardonner Laïla, mais là je craque.

Ça y est ? Ça t’a remis les idées en place ou il t’en faudrait une deuxième ? Alors écoute moi bien petite conne, parce que je ne le répéterai pas deux fois. De un, tu n’as pas à me parler comme si j’étais un vulgaire chien. De deux, tu vas calmer tes ardeurs ou je te jure que je serai prête à t’en coller d’autres s’il le fallait. Et de trois, je sais bien que mon avis ne compte pas plus que ta première robe sorcière pour toi, mais je voulais simplement t’aider. Et te voir te fatiguer inutilement ne me plaisait vraiment pas. Alors excuse-moi de vouloir être sympa.

Je pris une respiration. Je me fis la rapide réflexion que je n’avais pas dû être très discrète avant de continuer :

Bien, maintenant tu as le droit de me frapper. Tu dois en mourir d’envie, je suppose. Alors sache que je t’en donne la permission.

J’étais folle. Tout simplement tarée. Et suicidaire aussi. Je venais de donner délibérément ma permission à Lyzz’ de me frapper autant qu’elle le voulait. Merlin, j’allais mourir…

Merlin, je vais mourir…

Et j’en eus la confirmation lorsque je vis Lyzz’ se ruer sur moi, laissant au passage quelques chaises se renverser sur le sol, et m’empoigner par le col avant de me plaquer contre le mur avec une violence inouïe. Je sentis ma tête heurter la pierre froide et j’eux la nette impression que mon crâne implosait. La douleur aigue se propagea un peu partout à l’intérieur de ma boite crânienne, se répercutant dans chaque recoin, accentuant toujours plus la douleur. Apeurée, j’avais fermé les yeux. Je ne voulais pas voir, je voulais surtout pas voir. Mais je fus bien obligée de les rouvrir lorsque le son étouffé de quelque chose qui s’abat juste à côté de ma joue parvint à mes oreilles bourdonnantes. J’aperçus son poignet fin et osseux juste à côté de mon visage. Tout près.

Son poing. Elle a frappé le mur avec son poing. Son poing qui aurait pu atterrir sur mon visage, à quelques centimètre près.

Je déglutis avec difficulté alors que le souffle saccadé de Lyzz’ venait s’écraser sur mes joues. Je notai furtivement que c’était la première fois de la soirée qu’elle perdait autant son sang froid. Qu’elle avait laissé tomber la coquille de froide distance. Mais j’avais risqué gros sur ce coup là, et Lyzz’ avait tout de même eu la générosité de m’épargner. Qu’est-ce qui l’avait décidé à ne pas me tailler en pièces ? Ma ressemblance avec ma jumelle ? C’était fort probable, en effet.

Tu ferais mieux de ne plus jamais me toucher. Est-ce clair ?

Elle ne me laissa pas le temps d’acquiescer qu’elle me relâcha sans douceur aucune et repartit à sa place. Et alors qu’elle enclenchait un Lumos pour regarde sa main, je passai l’une des miennes derrière ma tête. Je ne fus que très peu étonnée de voir mon sang maculer mes doigts. Il n’y en avait pas tellement, juste assez pour tâcher ma peau laiteuse. Je sentais un mal de crâne me vriller les tempes, si bien que j’aurais pu avoir la tête qui tournait. En tanguant, je retournai m’asseoir. J’aperçus Lyzz’ qui pliait, dépliait ses doigts difficilement. Le sang coulait un peu. C’était moche.

Tu devrais soigner ça, ça a l’air vilain. Tu… Tu as besoin d’aide ? tentai-je maladroitement.

Je ne savais pas pourquoi je ramenais encore ma fraise alors que je venais d’avoir la frayeur de ma vie, voilà à peine cinq minutes. Mais je me sentais un peu coupable, c’était moi qui l’avais provoqué. Bien que je fusse consciente du danger que cela représentait, je l’ai cherchée. Alors peut être que c’était une façon - très pitoyable - de me racheter. Au moins un peu.